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C'est la fin d'un suspens qui aura duré près de deux mois. Poussé vers la sortie au début du printemps, Emmanuel Faber devrait bientôt avoir un successeur à la tête de Danone. Et pour diriger cette entreprise du CAC 40, le conseil d'administration a choisi de se tourner vers un homme : Antoine de Saint-Affrique. 

C’est l’un des fleurons du CAC 40 : depuis la mi-mars et le débarquement soudain de son patron, Danone se cherche un nouveau dirigeant. Et c’est pratiquement chose faite.

Oui et ironie de l’histoire, alors que les députés votent aujourd’hui même une loi pour féminiser les organes dirigeants des entreprises, et bien le conseil d’administration s’apprête à choisir… un homme. Sauf coup de théâtre en effet, le successeur d’Emmanuel Faber, ce patron atypique à forte personnalité, s’appelle Antoine de Saint-Affrique. Il faudra donc encore attendre avant qu’une deuxième femme prenne la tête d’un groupe du CAC 40, après Catherine McGregor qui dirige Engie. 

Danone ne pouvait pas rester longtemps sans tête.

Le groupe a été secoué en effet par le psychodrame qui s’est soldé par le limogeage d’Emmanuel Faber. Il s’était longuement confié à nous il y a quelques jours pour dénoncer le climat "d’entre-soi" qui prévaut selon lui à la tête de beaucoup de grands groupes. Et il s’étonnait d’avoir été débarqué alors que sa stratégie n’était pas en cause, elle a même été confirmée depuis. Son successeur devra d’ailleurs rependre la même feuille de route et mettre en oeuvre le plan "local first" qui vise, comme son nom l’indique, à donner plus d’autonomie aux managers sur le terrain - et accessoirement à dégager un milliard d’économies. 

L’un des défis de Danone, c’est de redresser sa rentabilité.

Danone, vous savez, c’est certes un fleuron français, plus de 100.000 employés, 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Mais c’est aussi une société complètement opéable. Et la seule manière de se protéger autant que faire se peut d’une prise de contrôle hostile, c’est d’être rentable et même plus rentable que la moyenne du secteur : le jour où vous ne l’êtes plus, les prédateurs vous tournent autour. Or aujourd’hui, Danone est à la traîne.

Le défi du nouveau patron qui a fait une très grande partie de sa carrière chez Unilever (c’est un spécialiste du marketing), ce sera donc de redresser la rentabilité. Il n’est pas un inconnu chez Danone, il y a travaillé trois ans. Il dirige actuellement le groupe Barry Callebaut, le leader mondial du cacao, basé en Suisse. Danone, c’est une autre culture, des valeurs fortes, une entreprise qui est fière de sa raison d’être, de son engagement pour l’agriculture durable. Et de son indépendance capitalistique, qui n’est jamais garantie…